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Les patries imaginaires

"Les êtres humains ne perçoivent pas les choses dans leur totalité ; nous ne sommes pas des dieux mais des créatures blessées, des lentilles fêlées, capables seulement de perceptions fragmentaires. L’homme est un être partiel et partial. La signification est un édifice que nous construisons avec des fragments, des dogmes, des blessures d’enfance, des articles de journaux, des remarques de hasard, de vieux films, de petites victoires, des gens qu’on hait, des gens qu’on aime."

Salman Rushdie, Les patries imaginaires

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"La voix de son maître" - laboratoire de recherches sonores

Cette semaine, un nouveau projet s'ouvre dans le cadre de la résidence de la compagnie au CCAM : un laboratoire de recherches sonores autour de l’expression « La voix de son maître », une collaboration entre Perrine Maurin et Carole Rieussec.

À l’origine de ce projet : un film « La voix de son maître » et une réflexion...

« La voix de son maître » est un film tourné à la fin des années 1970 par Gérard Mordillat et Nicolas Philibert. On y voit des grands patrons (Bolloré, Trigano…) parler de leur métier, du capitalisme, des choix qu’ils sont en train de faire. Cette période correspond au démarrage du capitalisme financier. Ces patrons sont en plein dans ce virage. Leurs longues interviews sont entrecoupées de plans séquences filmant les gestes mécaniques réalisés par les ouvriers de ces entreprises : répétitivité, minutage, sérialisation. Des corps au travail traités comme des objets. Des séquences où seul le son des machines existe, révélant la brutalité concrète des grands discours patronaux.

Au début de ce film, une séquence extraordinaire a lieu. Ces grands patrons débattent tous ensemble du titre choisi par les réalisateurs. Ils s’interrogent sur cette expression : « Que veut dire « La voix de son maître » ? Et plus encore à quoi renvoie le mot maître ? »

Aujourd’hui, en 2014, notre projet de laboratoire reprend à son compte cette interrogation sur l’expression « La voix de son maître » mais en y rajoutant une focale sur la dimension sonore. Ce laboratoire ne traite pas du patronat, ni même spécifiquement des « maitres du monde ». Cependant, c’est à partir d’une interrogation sur la domination du monde que ce projet s’est construit. Cette interrogation sera présente mais de multiples manières.

Autrefois le patron incarnait la figure de l'ennemi pour une grande partie de la société : la classe ouvrière. La lutte s'incarnait contre une figure identifiée du capitalisme, une figure en chair et en os : le patron.

Mais aujourd'hui, 35 ans après, les médias, les « intellectuels » ou « l’air du temps » nous ont majoritairement convaincus qu’il n'y a plus de classes sociales, plus de patrons, plus de responsables… Que c'est la "mondialisation", que c'est…"compliqué", diffus, interconnecté que "ça doit inévitablement se passer ainsi", que "ça ne peut pas être autrement", qu'on y peut rien. "ça" parle... Mais "ça" parle comment ? Quel langage ? Quelle traduction critique, politique ?

Alors si aujourd’hui on demandait autour de nous – à tout un chacun , à la boulangère comme au professeur d’économie politique, au journaliste engagé comme au comptable – ce que signifie, dans sa vie, pour lui/elle, intimement, cette expression « La voix de son maître » ? Quelles seront les différentes réponses ? Quelles sont les injonctions dominantes ? Et les voix robots ? Ce projet part en quête des réponses sonores que le monde voudra bien nous donner, cartographiant une complexité de la domination sous toutes ses formes.

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8 avril, « Surveiller et punir », CCAM / Scène nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy

Le contexte en France…

Depuis dix ans au moins, la sécurité ne cesse d’être au cœur des préoccupations de la société civile et de l’État et se développe comme un élément central des politiques publiques. Et durant cette période, les dispositifs de surveillance et les technologies de la sanction ont été renforcés comme les seuls moyens d’amélioration de la sécurité publique, que ce soit au niveau des politiques locales comme à celui de l’action publique de l’État central, et ce quelle que soit l’orientation politique du pouvoir en place.

Mais rares sont les chercheurs – en France, tout du moins – qui s’emploient à mobiliser les notions de celui qui a sans doute caractérisé le contrôle social avec le plus de finesse et de complétude : Michel Foucault (Foucault, 1975). Tout se passe comme si la théorie de Foucault ne paraissait plus applicable, ou au contraire comme si elle allait tellement de soi qu’il n’était pas utile de la mobiliser.

Or la question semble pourtant devoir être posée : le système de contrôle social qui prend actuellement racine participe‐t‐il du paradigme disciplinaire classique qu’avait identifié M. Foucault sous le concept de « quadrillage disciplinaire » ou laisse‐t‐il apparaître des ressorts inédits ? La thèse fondamentale de l’auteur portait sur l’existence d’une trame structurale, inhérente à un pouvoir disséminé dans le corps social et dans les dispositifs institutionnels, omniprésente dans les moindres replis des rapports sociaux.

Philip Milburn,
extrait de « Surveiller et punir au XXIe siècle - Les nouvelles technologies du contrôle social en France »

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